Je me suis toujours dit que je voulais faire les choses par passion, mais j’ai peur que tu commences à t’éloigner de la route que l’on s’était tracée, de l’itinéraire qu’on avait planifié, ensemble, il n’y a encore pas si longtemps. Je trouve ça vraiment plate que la vie a fait en sorte que toi et moi on n’arrive pas à cohabiter, du moins pas pour le moment, qu’on soit aussi antonyme que la spontanéité et la prévisibilité, que le nomade et le sédentaire. Parce que, mine de rien, tu as mis fin à ma fougue en acceptant les responsabilités de la vie quotidienne qui viennent avec la définition du mot adulte. Tu es devenue la version même de ce que je refusais d’être. Mais peut-être que c’est aussi ça, grandir.
Et tu sais, des fois, les seuls mots qu’on a besoin d’entendre ce sont les nôtres ; les seuls conseils que l’on devrait suivre sont ceux que l’on donne ; les seuls rêves que l’on devrait poursuivre sont ceux qu’on a nous-mêmes envie de réaliser. La vie est trop courte pour essayer d’être quelqu’un d’autre. Tu ne crois pas? Quand j’ai commencé à voyager, je me rappelle que je le faisais pour nous. Je le faisais parce que j’avais besoin de m’évader, parce que je voulais apprendre, que je voulais confronter mon idéologie à celle des autres pour me permettre de regarder le monde avec un nouveau regard. Mais pour ce qui est de toi, j’ai peur que tu voyages maintenant parce que c’est devenu ta routine ; que tu le fais par habitude plus que par plaisir !
Et c’est correct : tout le monde a le droit de se perdre un jour où l’autre, il faut juste savoir se retrouver soi-même. Je m’excuse de te faire vivre ça et surtout je m’excuse de te le dire de cette façon-là. À cause de cette lettre, tu risques d’être triste ou nostalgique au final, mais des fois, faire une rétrospective de soi-même est un mal nécessaire. Il faut se donner la peine de prendre un peu de recul et d’analyser l’image que l’on voit dans le miroir chaque matin. Et tu sais, des fois, les seuls mots qu’on a besoin d’entendre ce sont les nôtres ; les seuls conseils que l’on devrait suivre sont ceux que l’on donne ; les seuls rêves que l’on devrait poursuivre sont ceux qu’on a nous-mêmes envie de réaliser.