» (Socrate) Citation apocryphe n°1 « Quand les maîtres cesseront d’enseigner, les élèves pourront enfin apprendre » (Montesquieu) [Dernières occurrences telle quelle sur Google/sur Twitter] Cette citation, moins répandue que d’autres, est généralement attribuée à Montesquieu, philosophe du siècle des Lumières assimilé ici à un étonnant promoteur du constructivisme scolaire moderne et des pédagogies dites actives. Elle est apocryphe pour deux raisons : elle a été altérée pour devenir une citation pédagogique et son interprétation fait l’objet d’un contresens. La citation authentique, tirée de la Défense de L’Esprit des lois (1750), est consultable sur Gallica dans son contexte : La manière de critiquer, dont nous parlons, est la chose du monde la plus capable de borner l’étendue, et de diminuer, si j’ose me servir de ce terme, la somme du génie national.
La citation de Platon replacée dans son contexte (155d) dans la traduction d’Émile Chambry : THÉÉTÈTE. – Par les dieux, Socrate, je suis perdu d’étonnement quand je me demande ce que tout cela peut être, et il arrive qu’à le considérer, je me sens véritablement pris de vertige. SOCRATE. – Je vois, mon ami, que Théodore n’a pas mal deviné le caractère de ton esprit ; car c’est la vraie marque d’un philosophe que le sentiment d’étonnement que tu éprouves. La philosophie, en effet, n’a pas d’autre origine, et celui qui a fait d’Iris la fille de Thaumas, n’est pas, il me semble, un mauvais généalogiste.
On rencontre pourtant cette citation sur le site des citations du « Monde », sous la plume d’un ancien rédacteur en chef des « Cahiers pédagogiques », sur des sites pédagogiques (parfois institutionnels) ou dans le documentaire Une Idée folle (2017) de Judith Grumbach qui promeut l’éducation à… l’esprit critique ! Comme dit un autre membre du SE-Unsa : Retour au sommaire Citation apocryphe n°3 « Éduquer, ce n’est pas remplir un vase mais allumer un feu » (Montaigne) [Dernières occurrences telle quelle sur Google/sur Twitter] Cette citation apocryphe, dans ses différentes versions, est extrêmement populaire (des centaines de milliers d’occurrences en français) et dans toutes les langues. Elle est attribuée tantôt à Montaigne (le plus souvent), tantôt à Rabelais, tantôt à Aristophane, tantôt à William Butler Yeats, tantôt à Marguerite Yourcenar etc.